[Coeur battant]..........
Souvent, toujours, en sortant d'un concert d'Higelin, je suis regonflée à bloc et bientôt mélancolique. Il donne cette ENVIE de vivre, de courir, de baiser, de bouffer la vie, oui. Il dit que l'énergie pure existe, il la transmet. C'est si rare dans nos vies un peu molles, un peu routinières, toujours payantes, aussi. Il DONNE. Sans compter. Alors forcément, on ressort inondé de toute cette générosité, heureux comme un môme le soir de Noël. Mais, puisqu'on sait que ça existe, puisque ce n'est pas un rêve un type pareil, habité aussi fort par l'amour, arrive le moment où on est gravement en manque de cette magie, de ce partage hors temps qui exalte notre meilleure part. Oui, arrive l'instant -qui dure plus ou moins longtemps- où rien de tiède ne nous satisfait, où la vie calibrée, les aspérités des autres, leurs gueules d'enterrement, leurs agressivités additionnées, leurs renoncements, les nôtres, nous sont insupportables.
J'étais évidemment au Zénith lundi soir, pour ses 70 ans d'éternel jeune homme amoureux, pour ce grand concert de plus de trois heures et demie en forme d'étreinte sentimentale et chaleureuse. Larmes et rires. Cette fois, bizarrement, l'effet de manque a été court, hier après-midi. Violent (en plein supermarché, en pleine vie de tous les jours, en pleine confrontation de mes plaies aux bosses des autres) mais déjà passé. Fugace peut-être parce que maintenant je sais avec certitude qu'il fait partie de moi, "qu'il sera toujours avec moi". Que malgré mes grands désespoirs, mes découragements, j'ai un remède imparable : l'écouter, m'accrocher à cette lumière qu'il a fichée en moi, dans le noir, comme une veilleuse contre les cauchemars. Je crois que je suis un peu sa fille (plutôt une fille-Arthur qu'une fille-Izia -c'est marrant comme c'est la plus "virile" des deux) parce qu'il m'a filé cette leçon de vie, que rien ne sert de gémir ; même si je m'y laisse aller parfois -souvent !- j'arrive toujours à en rire à la fin, à me remettre debout. Au bout de toutes ces années, il m'a armée autant que je pouvais l'être. Parfois, je me dis que sans lui, sans ce qu'il m'a APPRIS, eh bien.... simplement... je n'aurais pas su trouver, toujours, le courage.